Historique succinct

 

    Dès que les hommes ont commencé à entrer en conflit les uns avec les autres, à se faire la guerre, ils ont cherché à faire usage de toute arme leur permettant d’atteindre leur objectif. Il n’a pas fallu attendre le développement spectaculaire et récent des biotechnologies pour que l’humain constate le potentiel pathogène, incapacitant ou létal, des substances présentes dans son environnement, et les emploie non seulement pour tuer un ou plusieurs ennemis (poisons, flèches des guerriers scythes trempées dans des excréments, des cadavres), mais aussi pour léser massivement les armées adverses.

    Ainsi, l’on mentionne, dans l’antiquité, l’empoisonnement des sources d’eau potable par des cadavres humains ou animaux ; au Moyen-âge, le catapultage de cadavres pestiférés au-dessus des murs d’une ville assiégée.

    En 1793, le colonel britannique Bouquet fait distribuer aux indiens des couvertures contaminées par le virus de la variole.

    C’est à l’époque contemporaine que le développement des armes de destruction massive prend son essor.

    Durant la première guerre mondiale, l’armée allemande infecte des mules avec le bacille de la morve.

    L’Union soviétique, ainsi que d’autres pays (dont la Belgique) mettent en œuvre un programme d’armement biologique offensif.

    C’est sans doute le Japon qui se démarque le plus, dans l’horreur et l’absence d’humanité, du reste des nations, en installant en Mandchourie sa tristement célèbre unité 731, commandée par le docteur Ishii. Plus de trois mille innocents, incluant des femmes, des enfants, des nourrissons, périssent, sacrifiés dans des expériences honteuses : vivisection, inoculation de maladies infectieuses,… L’armée nippone réalise également en Chine des essais en grandeur réelle, dispersant sur plusieurs villes notamment les agents de la peste et du choléra. Les Américains récupéreront, après le conflit, le savoir accumulé par les bourreaux, en échange d’une amnistie accordée à ces derniers.

    La convention sur la prohibition des armes biologiques de 1972 met un terme aux programmes offensifs, mais l’on peut douter qu’elle fût par toutes les nations respectées, comme nous le montre l’exemple de cette ville d’URSS où, suite à un incident dans une installation militaire voisine, des milliers de personnes furent contaminées par des spores de B. anthracis, et développèrent un charbon pulmonaire.


    Plus récemment, l’Irak, avant l’opération Tempête du désert, développait de manière active des armes biologiques, en grande quantités ; notamment 10000 l de toxine botulinique, 8500 l de bacillus anthracis ont été produits et « weaponized ».

    A côté de cet usage martial des agents biologiques comme armes de destruction massive, l’on peut aussi citer l’assassinat d’un dissident bulgare à l’aide d’un parapluie envoyant un petit projectile sous la peau de la victme, sphère contenant probablement de la ricine (toxine extraite de l’écorce du ricinus communis).

    Récemment, la menace biologique est passée du domaine militaire à celui du terrorisme.


    En 1984, afin d’influencer le résultat d’élections locale, la secte Rajnashee, installée dans une petite ville de l’Oregon, contamine diverses denrées alimentaires avec des souches de Salmonella typhimurium, causant plus de sept cents cas d’entérites et une quarantaine d’hospitalisations.

    La tristement célèbre secte japonaise Aum, connue pour avoir répandu du gaz sarin (un neurotoxique), envisageait sérieusement l’utilisation d’armes biologiques. Elle avait même envoyé au Zaïre une équipe chargée, en pleine épidémie d’Ebola, de ramener au pays des échantillons viraux.

    En 2001, aux États-Unis, quelques semaines seulement après les attentats du WTC, ont été diagnostiqués des cas de charbon pulmonaire. Le vecteur : des lettres contenant des spores de bacillus anthracis.

    Cette agression fut naturellement suivie, aux États-Unis, mais aussi en France, et d’autres pays, de la mise en place de structures de réponse adaptées à la survenue dans le futur d’un problème similaire ; il s’agit de coordination entre différentes agences gouvernementales, d’acquisition et de développement de nouveaux vaccins, stockage d’antidotes, d’antibiotiques, mise en œuvre de campagnes de « preparedness ».

Scène de guerre antique

Indien Crow

catapulte romaine

Ci-dessus : un des bâtiments de l’Unité 731

Ci-contre : Ishii pratiquant une vivisection

Mécanisme du parapluie bulgare

Shôkô Asahara, gourou de la secte Aum Shinrikyô.

Une des lettre contenant des spores de bacille du charbon